Voilà une expression que l’on entend de plus en plus régulièrement sur la Planète Rhum. Mais que se cache-t-il exactement derrière ces trois mots ?

Et pourquoi semble-t-il que certains amateurs ne jurent que par ces fameux brut de fûts qui affichent bien souvent des titrages alcooliques vertigineux.

Quel est leur intérêt ? La Maison des Rhums fait le point.

Un alambic à colonneÀ l’origine était la distillation. Rassurez vous, nous allons bien parler de Rhum brut de fût, mais avant cela, il nous faut rapidement aborder l’étape précédente dans l’élaboration du Rhum. Si l’on en suit le Larousse, la distillation est un « procédé de séparation des constituants d’un mélange par ébullition ». Dans le cas du Rhum (et de tous les autres spiritueux d’ailleurs), la distillation vise à isoler l’alcool contenu dans le vin de canne ou de mélasse de sorte à le concentrer. En sortie d’alambic nous obtenons un liquide transparent nommé de façon extrêmement originale : le distillat… Ce jus originel titre la plupart du temps entre 70%Vol et 96,4%Vol.

Ce distillat va ensuite être placé en fût pour y vieillir afin de produire un Rhum Vieux. Pendant le vieillissement (cf. notre article à ce sujet), le degré alcoolique du Rhum va peu à peu chuter (même si dans des cas très rares, il peut augmenter). Une fois que le Maître de Chai obtient un Rhum dont il juge la maturité suffisante, deux options s’offrent à lui : réduire le Rhum en y incorporant de l’eau ou bien l’embouteiller à son degré naturel, brut de fût donc.

 

Réduction VS brut de fût

Un verre de Rhum brut de fût.Choisir de réduire le Rhum offre de nombreux avantages. Tout d’abord, cela permet de le rendre beaucoup plus facilement buvable. Car si pendant le vieillissement le titrage alcoolique du Rhum baisse, cette chute reste faible. De l’ordre de quelques dixièmes de degrés par an. Ainsi, même après plusieurs années, le Rhum conserve un degré très élevé à la sortie du tonneau. Or, la perspective de tremper ses lèvres dans une eau-de-vie à plus de 60%Vol n’enchante pas forcément tous les amateurs de spiritueux. Et nous les comprenons. Ainsi, réduire le Rhum (avec une adjonction d’eau déminéralisée tout simplement) pour le ramener à un degré plus « raisonnable » est un excellent moyen de séduire un public plus large. Cela comporte aussi l’avantage évident d’augmenter les volumes disponibles pour le producteur et donc ses revenus.

Mais alors, puisque diluer le Rhum comporte tant d’atouts, pourquoi l’embouteiller à sa force naturelle ? La réponse tient dans les arômes ! En effet, à allonger le Rhum, on perd en puissance et en précision aromatique. À la manière d’un pastis ou d’un sirop de fruit, plus il est dilué et plus il est facile à boire, mais moins il est précis et intense. Certains producteurs font donc le choix de proposer toute ou partie de leur gamme en brut de fût. Et ainsi apporter aux amateurs une expérience gustative incomparable. Tant et si bien que certains aficionados ne jurent plus que par les Rhums embouteillés à leur degré naturel.

 

Déguster un brut de fût

Image humoristique d'un pirate ivre de Rhum et d'un requin.Mais comment approcher un Rhum dont le degré atteint parfois des hauteurs à faire frémir un alpiniste ? À la manière d’une bête sauvage que l’on souhaiterait dompter, il convient d’observer une certaine prudence pour apprivoiser de tels Rhums. Ainsi, l’on évitera soigneusement de plonger son nez dans le fond du verre avant d’y inspirer bien fort ; sous peine de repartir avec les narines brulées par l’alcool ! Inclinez plutôt votre verre à 90° et placez votre nez à quelques centimètres au-dessus avant de humer délicatement son contenu. Si les effluves alcooleuses ne vous sautent pas au visage tel un Puma acculé, rapprochez-vous. Sinon, reculez-vous un peu. Procédez ainsi jusqu’à trouver la bonne distance entre votre nez et le verre où vous profiterez pleinement des arômes sans être gêné par l’alcool.

Ensuite, la mise en bouche. Là encore, il est chaudement recommandé de s’abstenir d’engloutir de larges rasades comme le ferait un pirate dans un tripot sur l’Île de la Tortue ! Prenez plutôt une petite quantité de Rhum (l’équivalent d’une cuillère à café environ) et faites le rouler en bouche. Prenez votre temps. Cela va permettre à l’ensemble de vos papilles gustatives d’analyser le merveilleux breuvage que vous leur présentez. Deuxième bénéfice, vos glandes salivaires, à la manière de pompiers se battant contre les flammes, vont s’activer à plein régime. Cette salive, en se mêlant au Rhum, va casser le feu de l’alcool et vous permettre de profiter entièrement des arômes de ce magnifique brut de fût que vous découvrez avec un plaisir non feint !

En respectant scrupuleusement ces deux principes, vous constaterez comme nous que, non seulement les Rhums au degré naturel font beaucoup moins peur, mais qu’ils en deviendraient presque doux comme des agneaux !

Par où commencer ?

Maintenant que vous savez tout des bruts de fûts, nous sommes certains que désormais, c’est une question et non du Rhum qui vous brûle les lèvres : qu’est-ce qu’on goûte ?!

Si vous êtes plutôt amateur des Rhums de tradition hispanique, ronds et suaves, alors nous vous invitons à vous pencher sur des références telles que le classique El Pasador de Oro 52%Vol ou l’iconoclaste That Boutique-y Rum Company Casa Santana 12 ans.

Si c’est plutôt les Rhums de tradition britannique qui a vos faveurs, alors un Hampden Estate Overproof est un in-con-tour-nable ! À moins que ne préfériez le charme suranné d’un Silver Seal Demerara 17 ans.

Enfin, si les Rhums Agricoles de tradition française sont vos chouchous, alors, l’Arbre du Voyageur 3 ans de Chantal Comte est un must absolu, tout comme un XO Full Proof proposé par la Distillerie Neisson.

COMMENT ?! Vous ne savez pas quelles différences existent entre ces styles ?! Passez donc par la case rattrapage avec notre article sur les différentes traditions de Rhums !

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