Situé à Capesterre, le domaine Longueteau est la plus ancienne distillerie de Rhum Agricole de la Guadeloupe.

Alliant avec brio modernité et tradition, la famille Longueteau s’évertue depuis 1895 à se réinventer sans cesse pour surprendre les amateurs de Rhum. Visite guidée d’un des joyaux de la Guadeloupe.

Les origines

Seconde moitié du XIXème siècle. Fragilisée par la diffusion rapide du sucre de betterave, l’industrie sucrière des Caraïbes françaises est en pleine crise. Propriétaire du domaine qui porte son nom, le Marquis de Sainte Marie noie ses soucis lors de longues soirées trop arrosées durant lesquelles il dilapide ce qu’il reste de sa fortune aux jeux. Très vite, il est contraint de vendre la sucrerie du Marquisat de Sainte Marie. Mais les repreneurs ne se bousculent pas au portillon, le sucre de canne n’a pas le vent en poupe. En 1895, l’entretien du domaine, est confié à Henri Longueteau par le notaire en charge de la saisie pour faillite. L’homme a le nez creux : suspectant une fin proche à la crise sucrière et constatant l’explosion des ventes de Rhum Agricole en métropole, il augmente les surfaces plantées en canne à sucre et transforme la sucrerie en distillerie. Pari gagné, quelques années plus tard, il rachète l’exploitation et le domaine de Sainte Marie devient la distillerie Espérance-Monrepos. L’Habitation Longueteau est construite en 1924, trois ans avant que le fils de Henri Longueteau ne reprenne la distillerie. Il la modernisera en 1968 en installant une machine à vapeur à la place de la roue à aubes. En 2005, François Longueteau prend les rênes de l’entreprise familiale. Il créé une collection de punchs élaborés principalement avec les fruits cultivés au domaine et développe la gamme des Rhums Vieux. Ses deux fils le rejoignent quelques années plus tard dans l’aventure et depuis, le trio préside à la destinée des Rhums Longueteau.

 

Le domaine

Situé au pied du massif de la Soufrière, le domaine du Marquisat de Sainte Marie s’étend sur près de 100 hectares. On y trouve des plantations d’arbres fruitiers et bien évidemment de canne à sucre. Les champs sont divisés en 12 parcelles clairement définies. Chacune présente des caractéristiques spécifiques identifiées autour de quatre axes environnementaux : influence maritime, fort ensoleillement, climat de montagne, humide. Cette organisation en parcelles, analysées à l’aide de 8 stations météorologiques disséminées sur le domaine, permet à la famille Longueteau d’avoir une connaissance extrêmement pointue en matière de culture de la canne à sucre et de ses interactions avec le terroir. François Longueteau en est aujourd’hui un spécialiste d’envergure mondiale reconnu. Afin de tirer le meilleur de chacune de ces parcelles, la famille Longueteau y plante soit de la canne rouge, soit de la canne bleue. La distillerie fut la première à proposer une collection de Rhums Agricoles Blancs monoparcellaires monovariétaux.

 

L’élaboration des Rhums

Longueteau peut se targuer d’être la seule maison de Guadeloupe à être autonome en canne à sucre. Ainsi, elle maîtrise l’ensemble du processus de production, du champ à la bouteille. La coupe de la canne chez Longueteau est mécanique. La famille a fait ce choix il y a de nombreuses années pour s’affranchir d’un travail pénible, héritage dépassé d’une période sombre de l’Histoire. Une fois acheminée à la distillerie, la canne est délicatement broyée pour en extraire le jus. Ce choix délibéré donne certes des rendements plus faibles mais il garantit un jus de canne exempt de notes végétales désagréables qui nuiraient à la délicatesse du Rhum. Après la fermentation, le Rhum est distillé dans une colonne Savalle qui fut construite dans les années 80 par la famille Longueteau. En sortie d’alambic, le Rhum titre entre 72%vol et 78%vol selon qu’il servira à l’élaboration de telle ou telle cuvée. Pour le vieillissement, Longueteau a fait le choix rare de ne pas utiliser d’ex-fûts de Bourbon. Elle se concentre sur l’utilisation exclusive de fûts neufs et ex-Cognac. Une approche résolument traditionnelle (l’ex-fût de Bourbon n’ayant fait son apparition qu’à la fin des années 1930) et un clin d’œil aux origines cognaçaises de la famille.

 

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