Voici quelques règles à respecter pour déguster un Rhum et faire fi de préjugés parfois contradictoires.

 

Quel verre ?

Verre à digestif type Cognac, Tumbler, Shooter ? Aucun de ceux-là, le premier avec son ventre proéminent à tendance à projeter les effluves d’éthanol directement vers vos narines, son ventre proéminent incite la main à l’insérer et donc à venir réchauffer votre Rhum inutilement, le second, avec sa longue silhouette taillée pour les cocktails ne retient pas les arômes, le dernier avec son étroitesse, ne laisse guère le loisir de poser son nez à quelques centimètres de son Rhum.

Les meilleurs verres sont donc montés sur pied et se terminent sur un col qui se resserre afin de concentrer les arômes, type verre INAO ou Urban Bar « Distillery Nosing ».

Le nez, de près ou de loin ?

Coté distance, aucune règle intangible, partons du principe que plusieurs paramètres entrent en ligne de compte : la longueur de votre appendice nasal, du développement de votre sens olfactif mais aussi de la puissance du Rhum invité aux réjouissances ! Il est utile et logique de prendre du recul sur un brut de fût ou brut de colonne avoisinant les 60%Vol voir plus et jouez une plus grande proximité sur un jus dilué aux alentours de 40%Vol. Il convient ensuite d’explorer les différentes zones du verre afin de saisir les premiers arômes du Rhum avant de monter et de baisser le verre pour discerner avec plus de précision les notes fruitées (sur le haut) et les notes les plus lourdes et épicées sur le bas, n’hésitez pas à passer d’une narine à l’autre avant de déguster.

Marc Sassier, président de l’AOC Rhum de Martinique

La glace, amie ou ennemie ?

Sur un Rhum ambré ou vieux, son usage est logiquement proscrit pour son effet dévastateur sur la texture comme sur les saveurs et arômes en raison du choc thermique et de dilution progressive des glaçons. Même constat sur un Rhum blanc, les glaçons nuiront à votre perception des arômes, même sur un Ti’Punch éviter les glaçons, il n’en sera que meilleur et vous ferez plaisir à nos amis antillais !

 Faut-il mettre de l’eau dans son Rhum ?

Le rituel japonais du Mizuwari (水割り, « coupé à l’eau ») bien connu pour le Whisky se pratique volontiers sur le Rhum. Cette pratique, issue des traditions japonaises de consommation de Shochu, est une façon populaire de consommer les spiritueux en particulier en saison chaude. En règle générale, environ deux parties d’eau froide sont mélangées avec une partie de l’alcool et de la glace !

Une autre méthode consiste à ajouter simplement quelques gouttes d’eau minérale, ce qui dévoilerait davantage les arômes tout en atténuant la brulure de l’alcool

Ceci dit, à notre sens rien ne vaut une lente oxygénation de votre Rhum vieux, ambré ou blanc directement dans le verre sans ajout d’eau !

 

Une fois en bouche ?

Nous y voilà ! Afin de saisir toutes les nuances d’un Rhum, laisser la première gorgée tapisser le palais une dizaine de secondes puis la laisser lentement rouler sur la langue et en dessous (Il convient de saliver préalablement, en particulier pour la dégustation d’un Rhum à haut degré, ce qui atténuera de manière significative le feu de l’alcool.) La dégustation étant forcément subjective, ne vous formalisez pas si vous ne reconnaissez pas les mêmes arômes que le voisin ! Il est essentiel de prendre temps, d’y revenir, de poser son verre, de le humer à nouveau, de bien analyser la finale qui vous révèlera certainement de nouvelles facettes organoleptiques afin de vous forger un avis.

Enfin, seule la mémoire olfactive vous permettra de mettre des mots sur des impressions, la méthode la plus efficace consiste à créer sa propre bibliothèque olfactive en mémorisant de multiples odeurs que vous rencontrez au quotidien, sur un marché, à la maison, à la campagne, en forêt… un long travail mais plutôt ludique et quelle satisfaction de constater ses propres progrès 😉

 

 

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