Comment ?! La Maison des Rhums déguste un Rhum Saint James ! Rien ne va plus ?! Détrompez-vous, bien au contraire…
Le mauvais élève de la Martinique
« Le Saint James, c’est un Rhum de supermarché« , un « Rhum à cocktail« , un « Rhum de cuisine » ! Ah… Combien de fois avons-nous entendu ces critiques au sujet de la célèbre marque à la bouteille carrée ?! Et ce n’est pas très étonnant. Saint James souffre encore d’un déficit d’image indiscutable auprès du grand public. Et pourtant ! La distillerie de Sainte Rose a su depuis plusieurs années redorer son blason. Proposant aux amateurs des cuvées de très grande qualité qui tordent le cou aux préjugés d’antan. Que ce soit en Rhum Blanc comme en Rhum Vieux. Et les curieux comme les amateurs pointus ne s’y sont pas trompés et suivent de très près les annonces et les sorties de la marque.
Mais qui êtes-vous Monsieur Saint James ?
C’est en 1765 que les premières traces du Rhum Saint James font leur apparition. Les moines qui supervisent la production de Rhum de l’Habitation Trou Vaillant décident de vendre l’excédent de production dans les nouvelles colonies d’Amérique du Nord. Mais qu’il est difficile de prononcer « Trou Vaillant » lorsqu’on est anglophone ! Alors, nos moines rusés, optent pour un nom bien plus facile à dire pour leurs voisins américains : Saint James. Le tour est joué ! Les ventes décollent et ce nom court qui se retient facilement ouvre à la marque les portes des marchés internationaux ! Et là encore, Saint James va s’illustrer avec 2 innovations sans précédent ! Tout d’abord, elle adopte dès 1882 une bouteille carrée. Ainsi, la marchandise casse moins lors du transport en bateau. Moins de casse, donc plus de ventes, donc plus de rentabilité… Il suffisait d’y penser ! Mais Saint James va aussi proposer à la vente des Rhums millésimés, dès 1885. Une première pour un Rhum de Martinique ! Au cours du 20ème siècle la marque va gagner en notoriété. À travers les crises et les périodes fastes, les Rhums Saint James vont prendre le rôle de porte-étendard de la production martiniquaise.
Et aujourd’hui ?
En ce début de 21ème siècle, la marque conserve sa position de fer de lance. Saint James est le plus important producteur de Rhum Agricole de la Martinique. La distillerie jouit du plus grand parc de fûts en vieillissement de la Martinique. Elle peut aussi se targuer d’être la dernière à disposer de stocks de Rhums remontant au 19ème siècle… 1885, sans surprise ! Enfin, gage de bonne qualité, son responsable de production, Marc Sassier, n’est autre que le Président de l’AOC Martinique (dont vous trouverez tous les détails dans notre précédent article) !
Rhum Saint James 9 ans 43%
Ce Rhum Saint James 9 ans est le fruit d’un vieillissement de 9 ans en ex-fûts de Cognac. Après vieillissement, cette cuvée est réduite à 43% avant sa mise en bouteille. Il constitue un excellent rapport âge/prix et incarne un lien naturel entre les cuvées 7 ans et le 12 ans bien connues des amateurs de Rhums Vieux de Martinique !
Robe : Brillante, légèrement grasse, cuivrée aux reflets dorés.
Nez : Cacao en poudre et torréfié, pointe empyreumatique discrète (caoutchouc), abricot séché, touches légères de géranium et de cirage, noix du brésil. À l’aération le cacao et la noix du Brésil règnent en maître sur ce nez rond et plein.
Bouche : Attaque veloutée avec une très bonne acidité, une pointe de fraîcheur mentholée bienvenue allège une bouche qui fait la part belle aux notes confites de canne à sucre. Le cacao et les fruits (noix comme à chair jaune) sont en retrait. La finale moyenne met en avant des épices et une réglisse qui tapissent les gencives.
Le fond de verre laisse apparaître une fraîcheur mentholée ainsi que des notes de fleurs fanées.
Verdict : Un Rhum qui rempli son office de façon impeccable. Il double son très bon rapport âge/prix d’un rapport prix/plaisir irréprochable. Un embouteillage qui finira de convaincre les sceptiques !